Selon un sondage CSA, 60% des français jugent qu’un recul de l’âge de la retraite à 65 ans est, à terme, inévitable. Un fatalisme qui traduit aussi une grande inquiétude.
De mandats présidentiels en gouvernements successifs, la question des retraites revient irrémédiablement au menu de la République.
Il y a vingt ans, Michel Rocard, alors premier ministre de François Mitterrand, avait été le premier à dresser un état des lieux du système français de retraite et à souligner la nécessité d’une réforme pour en maintenir l’équilibre.
Allongement de la durée de cotisations
En 2003, François Fillon avait engagé un chantier d’envergure, complétant les premières mesures introduites par Edouard Balladur dix ans plus tôt qui programmaient un allongement progressif de la durée de cotisations (de 37,5 à 40 ans puis à 41,5 pour la génération 1956), y compris pour les fonctionnaires).
En 2010, le gouvernement de François Fillon s’est attaqué à l’autre point clef du système français : l’âge minimum de liquidation de pension. Fixé à 60 ans depuis le début des années 1980, l’âge de départ en retraite va progressivement passer à 62 ans à l’horizon 2016. Le texte prend implicitement en compte un nouveau paramètre : l’allongement de la durée de la vie.
Malgré leur indéniable importance au vu des enjeux, ces deux réformes, plus propres à rassurer – dans un premier temps – les créanciers de l’Etat français et les dignitaires de l’Union Européenne, se sont vite avérées insuffisantes pour enrayer la fuite en avant des comptes du régime par répartition hérité de la Libération.
Dans son dernier bilan, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a évoqué la perspective d’un déficit supérieur à 20 milliards d’euros en 2020.
Age de départ à 65 ans ?
Les 11 millions de français concernés par le versement d’une retraite complémentaire ont aussi du souci à se faire : patronat et syndicats actuellement de s’accorder sur des mesures visant maintenir à flot les deux caisses Agirc et Arrco menacé d’un déficit de 10 milliards en 2017.
Dans ce contexte, les français semblent résignés face à la nécessité d’une nouvelle réforme. Selon le dernier baromètre annuel commandé par le Cercle des Epargnants à l’institut CSA et au Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (Cecop), ils sont 67% à se dire inquiets pour l’avenir des retraites françaises, et 60% jugement inéluctable un nouveau recul de l’âge légal à 65 ans.
Une inquiétude plus sensible chez les jeunes (38% chez les 25-34 ans) que chez les quadras 35-49 ans (29%) et 24% pour les 50-54 ans.
Il faut dire que le dossier des retraites est très suivi par les français : le financement des pensions est d’ailleurs selon pour 56% d’entre eux le chantier prioritraire à mener, devant le financement de l’assurance-maladie (43%), de l’aide au logement (26%), des complémentaires santé (22%) ou de la dépendance (16%).