Dans un livre intitulé Dealer Légal, des commerciaux employés par la société Ricard s’étaient plaints de la trop grande quantité d’alcool à ingurgiter dans le cadre de leur mission. L’entreprise, qui avait poursuivi l’auteur pour diffamation, a été déboutée.
On n’interdit pas à un vendeur d’automobile d’en conduire une pour promouvoir sa marchandise. Reste qu’une fois sur la route, il ne sera pas plus autorisé qu’un autre à dépasser les limites de vitesse.
Chez Ricard, c’est un peu le même type de problème qui s’est posé : des commerciaux, employés pour animer des apéritifs parfois corsés, ne se contentaient de tâter le galbe de la bouteille pour en vanter le contenu. Ils le buvaient et le faisaient boire, pas mal, voire beaucoup, conformément à la règle explicite de leur mission « consommer ou faire consommer ». Sauf qu’aucune limite ne leur était expressément imposée par leur direction.
C’est ce dont ils se sont plaints dans un livre rédigé par un certain Eric Coder (« Dealer Légal » NDLR), certains allant jusqu’à raconter avoir subi, dans le cadre de leur entretien d’embauche, un genre de « crash-test » destiné à mesurer leur capacité à tenir l’alcool.
2. Diffamation ?
L’entreprise Ricard a poursuivi l’auteur du livre pour diffamation, tentant d’assurer les juges de sa bonne foi et de la conscience qu’elle a des risques professionnels auxquels ces employés sont exposés.
A l’audience, la direction a même produit une note interne stipulant que «la consommation excessive d’alcool n’est pas, et ne doit pas être, chez Ricard, une attitude favorisant la réussite professionnelle». Une instruction jugée insuffisante par les magistrats considérant qu’elle «ne fournit pas d’éléments d’appréciation précis sur les limites à ne pas dépasser».
Débouté, Ricard, qui réclamait 500 000 € de dommages et intérêts, va finalement devoir verser 2 000 € pour frais de justice.