S’ils partent du même constat, les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle divergent sur certaines des mesures fiscales, sociales et économiques à introduire pour relancer l’activité des petites entreprises. Voici, en quelques points clés, ce qui différencie le programme Hollande et le programme Sarkozy.
Leur constat : pour réindustrialiser la France, il faut permettre aux PME d’investir et d’innover. C’est sur les remèdes aptes à favoriser la compétitivité des entreprises françaises que les deux candidats divergent. Parfois à un détail ou une interprétation près.
Investissements
Les deux candidats souhaitent la création d’une « super-banque publique » entièrement tournée vers les PME. En janvier dernier, le président avait annoncé la création d’une banque de l’industrie, filiale d’Oséo, spécifiquement dédiée au secteur secondaire, apte à lui délivrer des garanties et des prêts participatifs pour soutenir l’innovation.
De son côté François Hollande annonce la création d’une banque publique d’investissement fusionnant les services de la Caisse des dépôts et Consignations, d’Oséo et du Fonds stratégique d’Investissement (FSI).
Le candidat socialiste prône également la création d’un Livret épargne Industrie à partir de l’actuel Livret Développement Durable (LDD) dont le plafond serait doublé (de 6 000 € aujourd’hui à 12 000 €). Idem pour le Livret A d’ailleurs.
Pour inciter les banques à prêter, Nicolas Sarkozy propose, lui, de supprimer le « privilège du Trésor Public » qui permet à l’administration de passer, quand une PME est endettée, avant les autres créanciers.
Dernier point : Hollande souhaite réserver aux seuls salariés la procédure LBO (Leverage buy Out) qui est un rachat d’entreprise par endettement, opération aujourd’hui très prisée par les groupes financiers.
Les deux candidats s’accordent sur une question : l’un et l’autre veulent, dans chaque banque, séparer les activités de dépôt et celles relevant de la spéculation.
Retraite
François Hollande veut revenir partiellement sur la réforme introduite par Nicolas Sarkozy en 2010 portant l’âge légal de départ de 60 à 62 ans.
S’il accède au pouvoir, le candidat socialiste souhaite permettre aux salariés ayant travaillé et cotisé la totalité de leurs annuités (41,5 annuités) de partir dès 60 ans.
Nicolas Sarkozy ne veut pas toucher à sa réforme : en revanche, il veut interdire les retraites chapeau dans les grandes entreprises et les parachutes dorés.
2. Fiscalité et salaires
Fiscalité
C’est le gros point de divergence entre les deux candidats : Sarkozy souhaite favoriser la compétitivité des entreprises par une baisse des charges sur les salaires. Hollande souhaite, lui, actionner le levier de l’impôt.
En février, le gouvernement a fait voter par le Parlement le principe d’une taxe dite « anti-délocalisation ». Cette mesure entrera en vigueur le 1er octobre 2012 : elle prévoit le transfert d’une partie des cotisations patronales sur la TVA, laquelle sera augmentée de 1,6 point.
Hollande refuse de supprimer le Crédit Impôt Recherche mais, comme Nicolas Sarkozy, il s’engage à le cibler davantage sur les petites entreprises.
Concernant l’impôt sur les sociétés, les deux candidats ont la même analyse : ils souhaitent le moduler en fonction du montant des bénéfices investis (Hollande annonce un taux d’imposition réduit à 20%). Le candidat socialiste va même un peu plus loin : il veut créer trois taux distincts en fonction de la taille des entreprises (15% pour les TPE, 30% pour les PME et 35% pour les grandes entreprises).
Quid des heures supplémentaires défiscalisées ? Sarkozy veut évidemment les maintenir. Hollande aussi…sauf dans les entreprises comptant plus de 20 salariés.
Un autre chapitre important : l’impôt sur le capital. Le programme de François Hollande propose une taxation des revenus du capital au barème de l’impôt sur le revenu, et un abaissement des niches fiscales à 10 000 €. Sarkozy, de son côté, souhaite rattraper les exilés fiscaux et leur faire payer l’impôt.
Par ailleurs, les deux candidats souhaitent maintenir le plafond actuel du dispositif ISF/PME.
Salaires
François Hollande annonce un coup de pouce au Smic dès juillet 2012. Pour le reste, il souhaite indexer le salaire minimum sur l’inflation et en partie sur la croissance économique. Dans les entreprises, il annonce l’instauration d’un écart salarial maximal de 1 à 20 entre le dirigeant et le salarié.
La mesure phare de Sarkozy porte sur une exonération de charge pour les salariés par l’intégration de la prime pour l’emploi dans les fiches de paye. 7 millions de salariés percevant entre 1000 et 1400 euros par mois sont concernés. La hausse de salaire est annoncée à 840 euros par an.