Alors qu’il prône la modération salariale, le patron de Radiall, également président du Medef, se serait octroyé une augmentation de 29% en 2013, révèle Le Canard Enchaîné.
Pour ceux qui l’ignorent, le président du Medef Pierre Gattaz est aussi chef d’entreprise. En 1994, il avait pris la direction de Radiall, une société spécialisée dans les composants électroniques, cofondée par son père Yvon Gattaz.
Selon Le Canard Enchaîné, ce chantre de la baisse du coût du travail et de « la modération salariale », partisan d’un smic-jeunes, se serait augmenté de 29% (bonus compris) en 2013 et accordé, dans le même temps, une rallonge de rémunération de 21% « aux cinq membres de son conseil exécutif et stratégique » indique l’hebdomadaire.
Réaction de François Hollande
Ces opérations n’ont évidemment rien d’illégales mais elles contredisent les positions prises depuis des mois par le président du Medef, en première ligne pour défendre le Pacte de responsabilité proposé par François Hollande au patronat, qui prévoit une baisse des charges patronales de l’ordre de 30 milliards d’euros. Pour accompagner ces baisses fiscales et renforcer la compétitivité des entreprises, Pierre Gattaz a récemment demandé aux employeurs et aux syndicats de faire preuve de « modération salariale » pendant deux à trois ans, le temps que le Pacte produise ses effets positifs. Son appel s’adressait aussi aux patrons des grands groupes internationaux invités à limiter la hausse de leur rémunération « par solidarité », alors que des « efforts sont demandés à l’ensemble de leurs concitoyens ».
Visiblement, Pierre Gattaz ne s’est pas appliqué à lui-même ses propres recommandations, ce qui a fait réagir le Président de la République François Hollande, interrogé ce mardi à ce sujet sur BFM TV : « il arrive un moment où chacun doit être responsable: on ne peut pas demander la baisse du Smic, voire sa suppression, et en même temps considérer qu’il n’y a pas de salaire maximum » a estimé le Chef de l’Etat.
Dans un billet diffusé sur le blog du Medef, Pierre Gattaz se justifie en affirmant que la part fixe de sa rémunération n’a progressé que de 3 %, le reste du versement étant indexé sur le résultat opérationnel du groupe, en hausse de 33,3 % en 2013 : « Au final, ma rémunération en 2013 s’élève donc à 420 000 euros, dont 102 000 de variable. Pour mémoire, la limite maximale des salaires des PDG des entreprises publiques a été fixée par l’Etat à 450 k€ » explique-t-il.