Chaque année, à la Pentecôte ou non, c’est une cotisation patronale qui est versée à la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie. En contrepartie, le salarié doit une journée de travail gratuite à son employeur, heureusement sans perte de rémunération, sauf pour ceux qui travaillent dans l’entreprise depuis moins de trois mois.
30% des salariés français ont travaillé ce lundi, date de Pentecôte dans le calendrier catholique et jour férié pour tous les travailleurs depuis le Concordat signé en 1801 par le papre Pie VII et le Consul français Bonaparte, désireux de s’attirer les bonnes grâces de Rome et du clergé français. Deux siècles et quatre République plus tard, cette règle canonique avait été remise en cause par Jacques Chirac suite au désastre sanitaire de la grande canicule survenue à l’été 2003. Une journée de Solidarité, destinée à financer des actions en faveur des personnes âgées et à les prémunir contre les risques de fortes chaleurs, était alors fixée chaque lundi de Pentecôte : ce jour-là, les salariés étaient tenus de se rendre au turbin et d’effectuer une journée de travail en plus, sans gain de salaire, ou, à défaut, de poser un congé payé ou un RTT. Les bénéfices tirés de ce « bénévolat » sont depuis reversés à une Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie. En douze ans, cet organisme a récolté 30 milliards d’euros, versés sous la forme d’une cotisation patronale équivalente à 0,3% de la masse salariale. L’an dernier, cette manne a atteint 2,2 milliards.
Si la suppression de la Pentecôte (chômée) avait assez peu heurté la sensibilité des autorités religieuses, les syndicats et l’opposition de gauche s’étaient élevés comme un seul homme contre cette mesure anti-sociale. En 2008, jugeant le système trop inflexible, le gouvernement Fillon avait rendu à cette fête catholique son statut initial de jour férié, mais maintenu la Journée de solidarité dans son principe. Depuis, chaque entreprise choisit à loisir la date de l’opération, et ses modalités d’exécution.
Conformément à ce que prévoit le Code du Travail, le chômage d’un jour férié n’entraîne aucune perte de salaire, à condition que le personnel concerné ait au moins 3 mois d’ancienneté dans l’entreprise et accompli au moins 200 heures de travail au cours des deux mois précédents. Ceux qui effectuent leur Journée de Solidarité à la Pentecôte bénéficient du même régime.