Pour le président du Medef Pierre Gattaz, le « pacte de responsabilité » promis par François Hollande doit se traduire par une baisse massive des charges pour les entreprises, seule mesure apte à libérer l’emploi.
Et si le Medef avait trouvé dans François Hollande l’oreille qui lui avait fait défaut chez Nicolas Sarkozy ? Le problème se pose jusque dans les rangs de la majorité qui craint un virage socio-libéral trop appuyé, dangereux sur le plan électoral.
Lors de ses vœux aux français, le président de la République François Hollande avait annoncé la mise en place d’un pacte de responsabilité avec les entreprises afin de relancer l’emploi. Implicitement, au-delà de la pirouette sémantique, il fixait un nouveau cap reposant sur le principe du donnant-donnant : je baisse tes impôts, tu crées de l’emploi.
Pour info, les aides aux entreprises – exonérations, crédit d’impôts, emplois aidés, subventions, abattements fiscaux, charges réduites sur le bas salaires – représentent aujourd’hui une facture de 63 milliards d’euros par an, réglée bien évidemment par le contribuable. Or, en dépit de ces largesses, le marché du travail est toujours en crise et l’emploi n’a jamais vraiment décollé, même avant le krach de 2007.
En 2012, François Hollande avait supprimé la TVA sociale de Nicolas Sarkozy prévoyant 12 milliards d’euros de baisse de charges, pour la remplacer par un autre dispositif, financé lui aussi par la TVA : il s’agit du CICE (Crédit d’Impôt Emploi Compétitivité), accordant aux entreprises un allégement fiscal calculé sur le montant de leur masse salariale (jusqu’à -6%).
Une baisse des dépenses publiques ?
Entre-temps, le gouvernement a fait voter la réforme des retraites qui met à contribution les entreprises dans le financement, par exemple, du compte-temps pénibilité. Pour faire avaler cette pilule amère, Bercy avait alors promis aux employeurs un nouveau cadeau fiscal : une baisse massive des cotisations familiales.
C’est cette mesure, réclamée depuis trente ans par le Medef, qui refait surface dans le « pacte de responsabilité » de François Hollande, plan qu’il détaillera mardi dans sa conférence de presse trimestrielle. L’idée serait de transférer 30 milliards d’euros de charges de la « branche famille », aujourd’hui entièrement supportées par les patrons, vers un autre levier de financement. Lequel ? Il est peu probable que le gouvernement prenne le risque, à quelques semaines des élections municipales, d’annoncer une nouvelle hausse de la TVA. La stratégie reposerait davantage sur un vaste programme de réduction des dépenses publiques. Mais dans quelles proportions ? L’effort va-t-il porter sur les comptes de la Sécurité Sociale ? La rigueur va-t-elle se prolonger pour les fonctionnaires ?
Sur Europe 1, le président du Medef a conditionné la reprise de l’emploi à la réussite de ce « pacte », s’engageant, si les mesures proposées vont dans le sens des aspirations du patronat, à « créer un million d’emplois en cinq ans ».
« C’est un objectif réaliste. Un million d’emplois c’est baisser de 11% de chômage à 8%. Nous disons que nous pouvons créer des poches de 50 000 à 100 00 emplois dans les cinq prochaines années à la condition qu’un certain nombre de chantiers s’ouvrent ». Le ton est donné.