Sous la pression de la rue, le président de l’organisation patronale redoute que le projet de réforme du Code du Travail soit une nouvelle occasion gâchée.
Face à la gronde sociale, le président du Medef craint une reculade du gouvernement qui, au mieux réduirait le texte porté par la ministre du Travail Myriam El Khomri à l’état de réformette, au pire reléguerait l’ensemble du projet aux oubliettes. Deux issues fatales qui signeraient, aux yeux du patron des patrons, un seul et même échec « dramatique pour le pays » a-t-il lâché au sortir d’une réunion avec Manuel Valls, séance inscrite dans le processus de concertation engagé avec les partenaires sociaux pour déminer le terrain de la contestation.
Front syndical contre le forfait-jour
Selon Gattaz, le relèvement de la France, et l’inversion de la courbe chômage qui en découlera, doit impérativement passer par une plus grande flexibilité apte à permettre aux entreprises de s’adapter aux circonstances économiques en dérogeant, par exemple, au carcan réglementaire du temps de travail : « cette loi est de nature à provoquer des créations d’emplois et notamment en CDI, il ne faut surtout pas la dénaturer et ne pas y mettre de demi-mesures » insiste Pierre Gattaz. Le Medef soutient notamment un des chapitres les plus décriés de la réforme El Khomri, qui vise à généraliser la rémunération forfait-jour dans les petites entreprises, moyen pratique pour l’employeur de contourner, unilatéralement, la durée légale des 35 heures hebdomadaires.
Depuis qu’il a été rendu public, l’avant-projet de réforme a renforcé la ligne de front qui sépare désormais les députés frondeurs désireux de ne pas se couper du logiciel historique de la gauche, en vue des législatives de 2017, et le gouvernement encalminé dans un logique libérale poussée à l’extrême devant l’urgence du chômage.
Tous les syndicats se sont unis contre le texte, y compris la CFDT qui, à l’inverse de la CGT et FO, n’exige pas un retrait mais une sérieuse révision de la copie. L’organisation de Pierre Berger s’oppose notamment au plafonnement des indemmintés prud’homales et à l’extension du licenciement économique.