Dépassé par le rythme de l’inflation, le taux actuel Livret A (0,75%) pénalise les épargnants et demeure moins rentable que jamais.
Pour la première fois depuis 2012, le taux réel du Livret A est négatif et ne rémunère pas les épargnants à hauteur de l’inflation qui a accéléré à +1,4% en janvier 2017. Mécaniquement, il y a donc une perte de rémunération significative pour les nombreux français qui ont choisi de placer le gros de leurs économies sur ce produit défiscalisé. La pilule est d’autant plus dure à avaler que le taux d’intérêt, abaissé à 0,75% en août 2015, n’évoluera pas avant l’été prochain en vertu d’une nouvelle formule de calcul fixée l’an dernier par Bercy. Le mode d’indexation mis en place par le gouvernement tient compte à la fois de la courbe des prix en France et des taux d’intérêt de court terme dont le niveau est conditionné par la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE). Surtout, le rythme de l’inflation retenu ne prend plus pour base les douze derniers mois en variation annuelle, mais la moyenne des six derniers.
Effet d’aubaine
Rassurante pour l’économie française, la hausse de l’inflation l’est donc moins pour les ménages très sensibles à l’évolution du rendement de leur épargne. Si le contexte monétaire actuel se confirme, le Livret A devrait, au pire renouer avec une rémunération-plancher à 1% dès août prochain, au mieux atteindre 1,25% car il n’est désormais plus garanti que le taux final soit arrondi au 0,25% supérieur, comme dans la formule précédente.
Dans un rapport, la Cour des Comptes va plus loin et plaide en faveur d’une réforme du Livret A. Les Sages dénoncent notamment le relèvement du plafond de versement du Livret A opéré par François Hollande lors de son arrivée à l’Elysée : une mesure qui s’est surtout traduite par un effet d’aubaine dont auraient surtout profité les ménages aisés en transférant des fonds fiscalisés sur le Livret A exonéré de tous prélèvements.