Le projet de loi dit El Khomri, qui soulève un vent d’opposition citoyen sur internet, ne séduit même pas le quart des français interrogés par l’institut de sondage Elabe, relayé par le journal économique Les Echos.
Certains disent la masse des français « ouverte à la réforme », mais pas à n’importe quel prix visiblement. Un sondage réalisé par l’institut Elabe confirme la défiance suscitée par le projet de réforme de la législation du Travail que la ministre Myriam El Khomri devrait présenter le 25 mars prochain, quinze jours après la date prévue, une période mise à profit par Matignon pour tenter de renouer le dialogue avec les syndicats unis contre le texte.
Selon l’enquête, près de la moitié des français juge que le gouvernement doit très largement corriger sa copie, alors qu’un tiers des sondés réclame son retrait pur et simple. Seuls 18% espèrent qu’à l’inverse, le projet sera adopté tel quel.
Les cadres très réservés
Parmi les opposants, 43% rejettent les mesures destinées à faciliter les licenciements économiques, 38% refusent le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, et 37% sont contre la négociation du temps de travail au niveau des entreprises, y compris dans le cadre d’un accord majoritaire avec les syndicats.
D’après Elabe, les jeunes de 18-24 ans constituent le noyau dur des réfractaires, avec les catégories populaires et même les cadres, tous unis dans la même « peur de se voir rejetés du marché du travail dans lequel ils sont insérés ».
Selon le président d’Elabe Bernard Sananès, cette grande méfiance qui confine, chez beaucoup, à une franche hostilité est née « d’une grave erreur de pédagogie commise par le gouvernement qui n’a évoqué aucune de ces mesures en amont », ce qui a contribué à déstabiliser l’opinion, sans doute d’accord sur la nature du constat dressé par la réforme, mais guère disposée à en accepter la réalité brute « à travers des mesures » qui ne figuraient pas initialement dans le pacte présidentiel.