Depuis un an, les aides destinées à amortir les effets économiques de la crise sanitaire ont spectaculairement réduit le nombre de défaillances. La bombe est-elle à retardement ?
En temps normal, les observateurs auraient vanté l’excellence des chiffres, reflet d’une conjoncture on ne peut plus favorable pour les entreprises. Avec 33 189 cas de faillites enregistrées par les tribunaux de commerce en 2020, les tendances ont, il est vrai, de quoi réjouir, même si les cassandres diront –avec raison – que c’est toujours trop. Car c’est bien d’un quasi record dont il est question. Pas à la hausse, comme on aurait pu s’y attendre après l’année horribilis que fut 2020, brutalement secouée par une crise sanitaire d’une ampleur inédite dans les économies modernes, mais à la baisse : depuis 30 ans, jamais le nombre de faillites n’avait été aussi faible en France.
Le cabinet Altarès en a comptabilisé environ 33 000 l’an dernier, soit une baisse de 38% par rapport à 2019. Etonnant résultat après deux périodes de confinement, dont la première, entre mars et mai 2020, avait mis à l’arrêt la quasi-totalité des secteurs d’activité. Après une brève respiration l’été dernier, les plus de 200 000 établissements de café-restauration ont dû se soumettre à des fermetures administratives qui se poursuivent encore aujourd’hui (les discothèques, elles, sont closes depuis un an sans interruption).
La différence avec la crise financière de 2008, c’est que l’Etat français a, cette fois-ci, tenté de sauver les meubles en déployant une impressionnante artillerie d’aides destinées à amortir les effets économiques des restrictions sanitaires : le chômage partiel avait été très utilisé au printemps 2020 et un fonds de solidarité finance encore aujourd’hui les charges fixes supportées par les entreprises sans activité. Les prêts garantis par l’Etat (plus de 30 milliards d’euros) ont permis de maintenir à flot les trésoreries de très nombreuses entreprises.
Le cumul de ces dispositifs a permis aux entreprises de survivre, note le président de GSC, une association qui informe les dirigeants sur les risques de leur perte d’emploi. A terme, l’effet boomerang peut être tout aussi brutal : quelle sera le réel état de santé des entreprises qui sont aujourd’hui placées sous perfusion ? (beaucoup d’assignations pour non-paiement de dettes avaient été gelées jusqu’à la fin de l’été 2020).
Se déclarer en faillite auprès d’un tribunal de commerce ne signifie pas la disparition automatique de l’entreprise : des procédures alternatives à la liquidation existent pour relancer l’activité et trouver des solution destinées à apurer les dettes : parmi elles, les redressements judiciaires diminue de près de 50% par rapport à 2019. Les mesures de sauvegarde, appliquées préventivement dans les structures en difficulté qui cherchent à aménager leur créance, «recule de 14 % avec 833 jugements» signale Altarès Cette procédure collective est très utilisée dans les PME de plus de 50 salariés (+ 12%). Elle diminue en revanche dans les plus petites structures (-15% par rapport à 2019).
Quant à la part des liquidations, elle est en repli de 30%
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