Alors que le patronat réclame des assouplissements dans la gestion du temps de travail, un rapport de l’Igas démontre que les 35 heures instaurées il y a 15 ans n’ont pas dégradé la compétitivité des entreprises ni bloquer l’emploi.
Un nouveau rapport, tenu secret depuis mai dernier, tire un nouveau bilan des 35 heures de travail hebdomadaire, une mesure instaurée il y a 15 ans sous le gouvernement de Lionel Jospin et régulièrement remise en cause depuis par le patronat, qui réclame des assouplissements dans la gestion des emplois du temps. Sur l’échiquier politique, le dispositif cristallise les querelles idéologiques qui l’expose aux critiques des différentes organisations de droite au nom de la compétitivité des entreprises.
Jamais supprimées par la droite
Ni Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin sous l’ère Chirac, ni François Fillon sous le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy n’ont pourtant osé annuler cet acquis social financé dans les entreprises par des baisses de cotisations patronales à hauteur de plus de 100 milliards d’euros.
Selon l’étude de l’Inspection générale des Affaires Sociales (Igas), « les politiques de réduction de la durée légale du travail permettent de créer, au moins à court terme, de l’emploi à condition de respecter des conditions strictes » qui sont, entre autres, « la maîtrise de l’évolution des coûts salariaux et le financement de ce type de politique » relaye Médiapart qui s’est procuré le rapport.
L’Igas, qui se base sur les données du Ministère du Travail et de l’OFCE, ont généré 350 000 emplois nouveaux entre 1998 et 2002 et « n’ont pas eu un effet négatif sur la compétitivité de la France ».
En 2007, Nicolas Sarkozy, sans supprimer le socle des 35 heures, avait introduit un assouplissement via la défiscalisation des heures supplémentaires. Finalement, c’est François Hollande qui sera allé le plus loin dans la remise en cause de la durée légale du temps de travail en permettant aux employeurs de déroger à la règle commune via des accords d’entreprise.