Le projet de loi Macron est soumis au vote des députés à 17 heures : les frondeurs socialistes décideront de l’issue d’un scrutin qui s’annonce, pour l’instant, défavorable au gouvernement. Peut-on parler d’un instant crucial ou d’un vrai faux suspense savamment orchestré ?
Sans excès de dramaturgie, le moment est décisif pour le ministre de l’Economie Emmanuel Macron dont l’échec politique signerait celui d’un gouvernement lâché par sa majorité parlementaire.
Son projet de loi pour la croissance et l’activité passe au vote en soirée. Pour être adopté, la majorité relative lui suffira, alors que la majorité absolue se situe à 289 voix.
Une quarantaine de députés frondeurs
Faisons les comptes : l’UMP (190 députés) et une partie des 30 élus UDI voteront contre ou s’abstiendront. A gauche, une grande majorité des écologistes sont opposés au projet (18), comme les 15 membres du groupe GDR (Gauche Démocrate et Républicaine) qui rassemble communistes et adhérents du Parti de Gauche. L’addition de ces votes conduit, en projection pleine (sans les abstentions) à un total d’environ 250 suffrages.
De son côté le PS compte 274 députés. Vu sous cet angle, l’opération devrait être une formalité, sauf qu’en son sein, le parti gouvernemental compte une frange de 30 à 40 députés frondeurs prêts, selon les circonstances, à se rallier à EELV ou au groupe GDR. Ce matin, l’un des animateurs de cette mouvance dissidente affirmait qu’une « majorité de ses représentants » voterait contre le projet de Loi Macron . En revanche, le ministre de l’Economie pourra compter, sans réserve, sur les 18 suffrages apportés par les radicaux de gauche. Alors même si, dans le pire des cas, la somme des voix PS tombe à 240, la totalité des suffrages favorables au texte devrait sans peine dépasser la barre des 250.
La loi sera donc adopté. Dans la coulisse, Emmanuel Macron le sait, Manuel Valls, aussi. Ce dernier a pourtant lancé, ce matin, au membres du groupe socialiste : «À ce stade, la loi Macron ne passe pas. En conscience, que chacun se reprenne et se rappelle que nous gouvernons la France. Si aujourd’hui ce texte ne passe pas, c’est un affaiblissement pour nous tous et un bénéfice pour personne».