Théoriquement, le curriculum vitae aurait dû être obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés. Mais cette mesure, censé combattre les risques de discrimination à l’embauche n’a jamais été appliquée, faute de décrets. Aujourd’hui un groupe de travail préconise sa suppression pure et simple.
Votée en 2006, la loi sur l’égalité des chances rendait obligatoire le CV anonyme dans les entreprises de plus de 50 salariés. Sauf qu’aucun gouvernement n’a, depuis cette date, pris la peine de publier les décrets nécessaires à l’application de cette mesure censée prévenir les discriminations liées à la consonance des patronymes au moment de l’embauche. Interpellé par le Conseil d’Etat sur cette question juridique, le gouvernement de Manuel Valls a, plutôt que de trancher, préféré s’en remettre aux conclusion d’un groupe de travail composé de syndicats, de patrons et d’associations, chargé d’évaluer l’opportunité d’une mise en œuvre, voire d’une généralisation, du curriculum vitae sans nom.
Un recours collectrif contre les faits de discrimination
Dans un communiqué signé de son président Jean-Christophe Sciberras, ex responsable de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), il est indiqué que le « groupe de dialogue s’est majoritairement prononcé contre le caractère obligatoire de l’anonymisation des CV ».
D’après les conclusions émises dans le rapport, un tel dispositif comporterait des effets pervers empêchant « la valorisation des différences » et entravant « la liberté des choix des entreprises et des candidats ». Le groupe de travail craint également qu’un telle mesure «ne conduise àdes démarches de contournement avec l’utilisation accrue d’internet comme mode de recrutement ». Pour lutter contre la discrimination, il propose la mise en place d’un recours juridique à la discrétion des associations ou des organisations syndicales qui pourraient, collectivement, « demander réparation au nom des victimes de discriminations à l’embauche ou dans l’emploi ».