Le gouverneur de la banque de France Christian Noyer remet en cause le mécanisme qui conduit à la revalorisation automatique du salaire minimum légal tous les ans.
Il a cassé l’ambiance, Christian Noyer. Lors de la présentation du rapport annuel de la Banque de France, le gouverneur de l’institution financière a estimé que « l’économie française ne va pas assez bien » malgré les vents favorables qui soufflent sur la zone euro, boostée par la chute des cours pétroliers et la dépréciation de la monnaie unique. Selon Christian Noyer, la France, « dont les prévisions de croissance pour 2015 et 2016 sont inférieures à celles de ses partenaires de l’UE » ne se donnent pas les moyens suffisants pour profiter à fond du redémarrage économique, et « reste impuissante à créer des emplois nécessaires à ses jeunes ».
Le taux trop élevé du Livret A
Un constat plutôt sombre qui conduit le gouverneur de la banque centrale à réclamer au gouvernement une amplification « des réformes lancées ses dernières années », dont beaucoup restent, à ses yeux « incomplètes et inachevées ».
Il propose notamment une « remise à plat » des règles de revalorisation du Smic afin de contenir l’ensemble des salaires. Le mécanisme actuel, fondé sur le rythme d’inflation et l’évolution du pouvoir d’achat du salaire de base ouvrier (SHBO), se traduit, chaque année, par une « augmentation automatique » qui pèse, selon lui, sur la compétitivité-coût des entreprises et accroît le risque de délocalisations.
Il prône donc « la modération salariale » et invite les employeurs à ne pas redistribuer au-delà « de leurs gains de productivité ».
Il dénonce également « la rigidité des taux de l’épargne réglementée », ceux du Livret A et du Livret Développement Durable qui freinent les bienfaits de la politique monétaire européenne dans l’économie française, et pénalisent notamment le secteur du bâtiment.
En début d’année, Christian Noyer avait préconisé un abaissement de la rémunération du Livret A. Mais le gouvernement n’avait pas suivi la recommandation, préférant ménager les épargnants par un maintien du taux d’intérêts à 1%.