Sous la pression du patronat, plusieurs membres du gouvernement souhaitent simplifier le compte pénibilité qui sera mis en œuvre dans les entreprises dès 2015, mais la ministre des Affaires Sociales Marisol Touraine s’y refuse.
C’est l’un des principales pommes de discorde entre le patronat et le gouvernement : que faire du compte pénibilité ? Le premier y voit une nouvelle contrainte imposée aux entreprises et « usine à gaz dangereuse », mais craint aussi son coût (une cotisation de 0,1% sera créée). Le second souhaite maintenir cette mesure de « gauche » défendu par les députés frondeurs du groupe PS et EELV.
Le premier ministre Manuel Valls avait une première fois cédé à la pression du Medef en annonçant un report partiel du compte-temps pénibilité (seuls 4 des 10 critères seront pris en compte dès l’année prochaine, soit le travail de nuit, les tâches répétitives, les horaires alternants et les travaux en milieu hyperbare).
Un million de salariés en situation de pénibilité
Lors de son intervention télévisée le 6 novembre dernier, François Hollande avait annoncé la création d’une commission mixte composée d’un parlementaire et d’un chef d’entreprise pour simplifier au maximum le dispositif et faire en sorte qu’il « ne coûte rien aux employeurs ». Le ministre Thierry Mandon, en charge de la Réforme de l’Etat, a proposé d’aller plus loin en supprimant des critères de pénibilité, au moins deux « pour sortir de la situation de blocage ».
Mais la ministre des Affaires Sociales Marisol Touraine s’y refuse. Le compte-temps pénibilité est l’élément phare (et le plus à gauche) de la réforme des retraites qu’elle avait fait voter en 2013 : cette mesure est «une avancée majeure, une avancée sociale de grande importance et il n’est pas question d’y renoncer» a-t-elle souligné lors d’une interview diffusée sur i-Télé.
Un million de salariés sont potentiellement par ce nouveau dispositif qui, grâce à un système de points cumulables chaque trimestre, leur permettra, soit de partir plus tôt en retraite, soit de bénéficier d’une formation pour se reconvertir dans un nouveau métier.