Le président du Medef Pierre Gattaz affirme que le gouvernement qui réformera le Code du Travail « entrera dans l’histoire ». Il est peu probable que François Hollande se donne cette peine.
A droite mais aussi à gauche, le Code du Travail est devenu un étouffoir qu’il faut brûler pour oxygéner le marché du travail et permettre à l’emploi de redémarrer. Cette vulgate écrite par la frange radicale du patronat a été reprise au sein même du parti socialiste par certaines de ses anciennes figures de proue, aujourd’hui devenues voix tutélaires promptes à s’appuyer sur leur position de grand manitou pour s’attaquer aux totems de la gauche. Celle, cristalline, de Robert Badinter, voix pourtant sacrée dans le logiciel historique du PS, a fait du bruit et créé quelques remous cet été. L’onde de choc a atteint La Rochelle où le nom de l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand a été sifflé par certains militants présents à l’Université d’Eté du parti socialiste.
Dans son livre « Le Travail et la Loi », coécrit par l’expert en droit du travail Antoine Lyon-Caen, l’infatigable avocat des Droits de l’Homme dénonce la lourdeur des règles actuelles qui bloquent, selon lui, les projets d’embauche des entreprises. Une liberté de parole qui fait tache parmi les tenants de la ligne keynesienne, ces éternels enfants de chœur du PS résolus à rattraper ce fil conducteur idéologique de la gauche que François Mitterrand avait sciemment lâché en 1983 pour se jeter dans les bras de l’Europe.
L’argumentaire développé par Badinter, et relayé dans un autre livre (« Réformer le Droit du Travail ») rédigé par un économiste proche de François Hollande, Gilbert Cette, parle aux oreilles du premier ministre Manuel Valls qui, depuis longtemps, a coupé le cordon avec les orthodoxes socialistes. Dans son intervention du 14 juillet dernier, François Hollande s’était dit prêt à mettre en chantier la question du droit du travail qu’il sait explosive à moins de deux ans de la prochaine élection présidentielle. Pris en sandwich entre sa gauche qui refuse de le suivre dans ce que le député frondeur Christian Paul qualifie de « dérive social-libérale » et une droite qui espère le pousser à la faute sur le terrain électoral, Hollande avait prudemment écarté au printemps dernier le projet d’un contrat unique destiné à assouplir les droits sociaux du CDI. Le président officialisait ainsi une nouvelle capitulation.