La ministre du Travail devra encore patienter avant d’avoir à commenter des chiffres réellement positifs sur l’emploi. Prochain verdict ce soir.
Sapin et Rebsamen avaient successivement rêvé d’être les ministres de la baisse du chômage entre 2012 et 2015. Il n’en fut rien et les hommes ont dû quitter leur ministère avec, sur le dos, un lourd fardeau de près d’un million de chômeurs supplémentaires (à eux deux). Myriam El Khomri a repris le flambeau l’été dernier, annonçant avec beaucoup d’à-propos qu’elle se refusait à endosser le rôle ingrat de ministre en charge des pronostics et, par là-même, des espoirs déçus. Entendez, ne pas se laisser prendre aux pièges des chiffres pour se donner les moyens de peser avec les mots.
Si l’évolution de la courbe du chômage a un enjeu social, politique, économique (il sape les promesses des candidats, pèse sur le système social, gèle les fiches de paie et alourdit les charges supportées par les salariés et les employeurs), elle a pris une incontestable dimension électorale depuis que François Hollande a, en dehors de la sanction des suffrages, lié son destin présidentiel à un redressement durable du marché du travail.
Embellie attendue en 2016 ?
Son premier objectif, clamé publiquement dans l’intention de passer un contrat avec les français, fut d’inverser la courbe fin 2013. Echec : les chiffres n’ont jamais cessé de se dégrader depuis son arrivée à l’Elysée. Un million de chômeurs (toutes catégories confondues) en plus en trois ans, voilà le vrai bilan (encore provisoire certes) qu’on peut tirer de la politique libérale engagée par celui qui, pourtant, s’était fait élire sur programme à tonalité socialiste. Après les mauvais résultats du mois d’août, la métropole comptait à la fin de l’été 5,42 millions de chômeurs inscrits à Pôle Emploi, un niveau en hausse de +23% depuis mai 2012. Quelle sera la tendance en septembre ? Peut-être une amélioration ponctuelle inscrite dans une phase de stabilisation qui devrait se confirmer à la fin de l’année. L’Unedic, gestionnaire de l’assurance-chômage, table sur une baisse du chômage en 2016 sous l’effet d’une croissance plus solide (+1,5%) mais encore insuffisante pour enclencher un net retournement de situation avant l’échéance électorale de 2017.