Selon plusieurs spécialistes de l’assurance-chômage, la dégressivité des allocations aggraverait le chômage des « moins qualifiés ».
Le retour d’une dégressivité des allocations chômage est l’une des pistes proposées par le gouvernement pour réduire le déficit du régime. A l’approche des négociations sur la prochaine convention Unedic qui doit définir les règles de l’assurance chômage, des experts ont posé le regard sur l’efficacité d’une logique de dégressivité déjà expérimentée dans les années 1990 et qui, à l’époque n’avait pas réellement fait ses preuves, comme l’a d’ailleurs concédé la ministre du Travail Myriam El Khomri. Selon Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis, « une réduction des allocations inciterait, dans la conjoncture fragile actuelle, les plus qualifiés à prendre des emplois moins qualifiés, rejetant les moins qualifiées dans un chômage plus long ».
Convaincu que le chômage de longue durée « n’a rien à voir avec le montant des allocations» et le temps d’indemnisation, il met en garde contre les risques d’accroître la pauvreté, sans que les mesures prises ne permettent parallèlement de résorber la dette de l’Unedic : les plus fragiles « s’appauvriront avant même d’avoir l’espoir de trouver un emploi, sans amélioration du marché du travail pour autant ».
Bruno Coquet, spécialiste de l’assurance chômage et associé à l’Institut d’entreprise, rappelle : « quand la dégressivité fut instaurée, les droits étaient plus longs. Si demain on la réintroduit avec les droits actuels, cela va accentuer la pression sur ceux qui sont les plus proches du marché du travail pour accepter un travail inférieur à leurs compétences, en dessous de leur productivité. Et donc diminuer la croissance potentielle ».