Le ministre du Travail François Rebsamen n’utilise plus le conditionnel pour évoquer une inversion de la courbe du chômage à la fin de l’année. Peut-on enfin y croire ?
Depuis mai, la France compte 3 552 200 chômeurs sans aucune activité (catégorie A). En cumulant toutes les autres situations recensées par Pôle Emploi, le bilan métropolitain atteint 5 414 200 pointages (+69 000 le mois dernier), un record absolu. Après une pause en janvier, la courbe avait repris de l’élan en février et mars et reflété un printemps pourri en avril (+27 000 nouvelles inscriptions) et mai (+16 200). Le plus désespérant, c’est que cette succession de ratés ne semble pas correspondre à la réalité économique française, reboostée au premier trimestre 2015 par un net rebond de croissance (+0,6%), un chiffre supérieur au résultat allemand (+0,3%) et même britannique (+0,3%). Interrogé à plusieurs reprises sur ce décalage, le ministre du Travail y voit un retard à l’allumage des entreprises françaises, échaudées par les brusques retournements de conjoncture, et encore hésitantes à investir sur un marché du travail encombré, malgré un taux de marge en hausse (31,1%).
Toutefois, François Rebsamen annonce, sans retenue cette fois, un recul du chômage avant la fin de l’année. Si le bilan de 2015 restera négatif, la courbe devrait amorcer une baisse durable qui se fera sentir l’année prochaine. Il confirme ainsi les bonnes prévisions de l’Insee qui évoquent, elles, une « stabilisation de la courbe » dans les six prochains mois, et rejoint les tendances positives tracées par l’Unédic, anticipant une baisse à partir de cet été.
Le ministre étaye son argumentaire sur trois facteurs favorables : « la croissance qui repart » notamment sous l’effet de la baisse des cours pétroliers et de la dépréciation de l’euro. L’intérim qui « se développe, signe souvent précurseur d’une reprise, et « la création de 100 000 nouveaux emplois aidés le 1er juin ».